La ministre de la Mobilité est dans la tourmente. Elle est accusée d'avoir négligé la sûreté de l'aéroport national malgré les messages d'alerte de sa propre administration de la Mobilité et de la Commission européenne. Ce jeudi, à la Chambre, les questions des parlementaires ont fusé.
"Qu'a fait ce gouvernement compte tenu de toutes les informations reçues?" a questionné le député Ecolo Benoit Hellings.
Pour la parlementaire Défi Véronique Caprasse, "la coupe est pleine, la démission de Madame Galant est inéluctable". "Elle a refusé de répondre à son administration pour assurer la sécurité", a accusé Mme Caprasse.
Karine Lalieux (PS) s'est montrée surprise que la ministre ne "connaisse pas les rapports de la Commission européenne" sur la sécurité des aéroports. Elle a demandé si Mme Galant avait réclamé à Charles Michel de garantir la sécurité de l'aéroport depuis les attentats de Paris. Elle a en outre évoqué un "manque de professionnalisme".
Pour Georges Dallemagne (CDH), "de graves manquements ont été relevés". Il a lui aussi demandé si Charles Michel continuait à accorder sa confiance en Jacqueline Galant.
Charles Michel demande la clarté
Au moment de répondre à ces questions, Charles Michel n'a ni défendu ni couvert sa ministre. Il a d'abord précisé que "nous prenons tous très au sérieux la sécurité dans les aéroports". "J'ai été informé par la presse hier des deux rapports de la Commission européenne", a-t-il ajouté. Concernant le rapport de 2011, Charles Michel n'a pas reçu d'éléments, a-t-il souligné. Sur le rapport de 2015, l'information n'a pas été transmise au cabinet de Jacqueline Galant, selon Charles Michel. Ce sont deux fonctionnaires de la DGTA qui auraient obtenu ce rapport.
La ministre Galant aurait donc pris connaissance du contenu de ces documents ce mercredi dans la presse.
"Je veux que toute la clarté soit faite. Je veux que le gouvernement soit à la hauteur des enjeux. On ne doit pas avoir peur de la vérité. Le gouvernement coopérera avec la commission enquête du Parlement", a clamé Charles Michel. Le Premier souhaite "tirer des leçons" de cet épisode.
Lalieux : "La prudence de Charles Michel"
Après cette prise de parole, Karine Lalieux a fait remarquer que Charles Michel n'avait pas couvert sa ministre cette fois et qu'il avait donc "fait preuve de prudence".
Marco Van Hees, représentant du PTB, a quant à lui offert un aller simple SNCB à la ministre pour qu'elle puisse retourner dans sa commune de Jurbise.
"L'incident est clos", a conclu Siegfried Bracke, le président de l'Assemblée, avant de passer au sujet suivant.
Cette après-midi, au parlement, le Premier ministre s'est expliqué sur la nouvelle "affaire Galant". Au sujet du rapport de 2015 de l'Union européenne concernant les failles dans la sécurité aéroportuaire, Charles Michel a déclaré que cette information n'avait pas été transmise au cabinet de Jacqueline Galant.
Ce sont deux fonctionnaires de la DGTA qui auraient obtenu ce rapport. Mais ce serait faux. En effet, de source proche de l'administration, deux documents informatiques nous parviennent sur les flux d'échange de messages électroniques (voir ci-dessous) démontrant que le contenu du rapport 2015 de la Commission européenne a bien été envoyé au cabinet Galant. Le 29 juin 2015, selon le premier document. A ce sujet, le cabinet Galant se défend en expliquant qu'il n'a pas reçu le rapport de la Commision en tant que tel, mais seulement un résumé du rapport non-définitif. Ce document du SPF, en notre possession, montre néanmoins que les grandes lignes du rapport 2015 y figurent bien.
Le second document montre qu'une réunion avait été organisée le 23 mars 2015 à ce sujet pour évoquer les premiers résultats de l'audit de sécurité de la Commission. Etaient présents à cette réunion, des membres de l'administration mais aussi Dominique Laurent, Chef cab adjointe de Jacqueline Galant et René Heinz, conseiller au cabinet Galant.