Sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, Jacqueline Galant (MR) a présenté sa démission. Le Roi l'a acceptée. Lors d'un point presse, le Premier ministre a déclaré qu'il est "inacceptable qu'un élément précis n'ait pas été communiqué à la Chambre".
Retour sur un an et demi de mandat ministériel très décrié !
Le dossier de la sûreté des aéroports belges aura été l'affaire de trop pour la ministre de la Mobilité. Celle-ci est accusée par son administration d'avoir refusé à plusieurs reprises, depuis le 1er février, d'octroyer l'argent nécessaire au renforcement de la sécurité dans ces lieux sensibles. Les manquements en personnel et en organisation à l'aéroport national étaient également soulignés dans deux rapports confidentiels (datant de 2011 et 2015) de la Commission européenne.
Face au Parlement, ce jeudi, Charles Michel avait déclaré que le rapport de 2015 n'avait pas été transmis au cabinet de Jacqueline Galant. Mais deux documents que "La Libre" a pu se procurer en soirée démontrent que le contenu du rapport 2015 avait bien été envoyé au cabinet Galant. Et que ce dernier s'était réuni le 23 mars 2015 pour évoquer les premiers résultats de l'audit de sécurité de la Commission européenne. La chef de cabinet adjointe de la ministre ainsi qu'un conseiller au cabinet Galant avaient assisté à cette réunion. Jacqueline Galant ne pouvait donc ignorer le contenu du document ! Ces révélations de "La Libre" ont mis le Parlement en ébullition. Jusqu'à tard en soirée, les parlementaires de l'opposition ont réclamé, en vain, le retour dans l'hémicycle du Premier ministre et de la ministre de la Mobilité pour qu'ils fournissent des explications suite à ces "mensonges et autres bobards".
Plus tôt dans la journée de jeudi, Laurent Ledoux, le président du SPF Mobilité, avait remis sa démission à Jacqueline Galant, sa ministre de tutelle. Le haut fonctionnaire estimant que lui et la ministre ne partagent pas "la même conception de l'intérêt général". "Elle ne comprend pas les enjeux et met son administration systématiquement à l'écart, elle l'affaiblit", avait-il ajouté. Inutile de revenir sur les nombreuses altercations entre ces deux personnalités aux caractères forts.
Un gros contrat sans appel d'offre
En octobre, un autre dossier avait largement fragilisé Jacqueline Galant : "Clifford Chance". La ministre avait conclu un contrat onéreux avec ce cabinet d'avocats sans passer par un marché public. Un contrat d'autant plus décrié que les juristes de haut vol de Clifford Chance n’ont aucune compétence particulière reconnue pour les matières qui leur avaient été confiées. A l'époque, Charles Michel avait volé au secours de la Jurbisienne, affirmant qu'elle "a agi de bonne foi" tout en soulignant son "imprudence".
Or, plusieurs documents ont démontré que la ministre et son cabinet avaient parfaitement conscience de l’obligation légale de consulter et de comparer plusieurs prestataires de services pour ces marchés avant d’en retenir le meilleur. Mais rien de tout cela n’avait été fait. Jacqueline Galant avait contourné les règles. Elle avait même accusé son administration de l’avoir mal conseillée. Ces critiques avaient déjà valu une passe d'armes entre Galant et Ledoux.
Manque de bilan
Outre ces deux gros dossiers, un autre problème communicationnel avait vu le jour en février. En commission de la Chambre, la ministre affirmait que la mise à 4 voies de la ligne 124 Bruxelles-Nivelles et de l'entièreté de la ligne 161 Bruxelles-Ottignies ne faisait plus partie des priorités de la SNCB et d'Infrabel. La fédération MR du Brabant wallon s'était alors agitée et des bourgmestres MR brabançons avaient exprimé ouvertement leur désapprobation. Le lendemain, virage à 180 degrés : Jacqueline Galant annonçait qu’"un dossier qui permettra d’assurer la mise à 4 voies sur les lignes 161 et 124" serait "prochainement" déposé.
Jacqueline Galant avait aussi été affaiblie par son manque de fiabilité dans le maniement des chiffres. En octobre 2014, elle avait évoqué 2 milliards d'euros d'économies à entreprendre pour la SNCB, avant de se raviser et d'avancer le montant de 663 millions d'euros. Une bourde que l'Hennuyère ne reconnaîtra jamais, pas même en "off".
Le manque de bilan et de vision de la ministre (survol de Bruxelles, RER, mobilité autour et dans Bruxelles, Belgocontrol), après un an et demi de mandat, est également pointé du doigt. Pire, sa méconnaissance des dossiers sensibles est régulièrement dénoncée.
Le MR, qui misait beaucoup sur Jacqueline Galant pour les prochaines élections communales de 2018 et législatives de 2019, devra désigner un nouveau ministre... à un poste qui est et restera explosif sur le plan politique.